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HISTORIQUE

Le Mediator (molécule benfluorex) a été commercialisé par le laboratoire SERVIER de 1976 à 2009. Présenté comme un anti-diabétique et hypolipémiant, il s’agit en réalité d’un anorexigène (coupe-faim) de la famille des fenfluramines, toxique pour les valves cardiaques et à l’origine d’hypertensions artérielles pulmonaires.

Après le retrait du Mediator, des études scientifiques concernant le nombre de décès et/ou de valvulopathies graves dues au Mediator ont été réalisées et publiées. Les résultats de ces études s’accordent sur des centaines de décès et des milliers de valvulopathies graves.

Le risque toxique du Mediator lié à sa parenté chimique avec d’autres médicaments retirés du marché en 1997,  a été occulté dans tous les documents d’information émanant de SERVIER à destination des médecins ou des patients, jusqu’à son retrait, d’où les graves éléments retenus par l’instruction contre ce laboratoire.

SITUATION ACTUELLE

Depuis la révélation au grand public en 2010 de la toxicité du Médiator, plusieurs milliers de personnes en ayant consommé ont suspecté un lien avec leur maladie cardiaque et entrepris des démarches pour obtenir reconnaissance et réparation de leurs préjudices dans des procédures juridiques pénales ou civiles. Par ailleurs, en juillet 2011, une loi a été votée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale,  mettant en place un processus d’indemnisation adossé à l’Office National d’Indemnisation des victimes d’Accidents Médicaux (Oniam) et sous l’égide d’un collège d’experts indépendants. Cette procédure d’expertise, financée par l’Etat, est accessible gratuitement à toute personne s’estimant victime du Mediator.

En 2011 puis à nouveau en juin 2015, le laboratoire SERVIER a déclaré publiquement qu’il indemniserait toutes les personnes ayant souffert du Mediator.

Le laboratoire SERVIER, par le biais de ses avocats, remet pourtant en cause la totalité des demandes d’indemnisation en contestant de façon systématique tous les arguments présentés par les victimes et notamment le lien de causalité entre l’exposition au Mediator et les préjudices dont souffrent les patients. A ce jour, lorsque les conclusions des expertises médicales sont en faveur d’un lien de causalité, quelques transactions financières confidentielles ont été conclues entre SERVIER et certaines victimes. Un certain nombre de procédures civiles durant depuis plusieurs années restent inabouties, malgré des expertises médicales favorables à la victime, en raison des contestations multiples de SERVIER.

S’agissant des expertises réalisées par le collège indépendant adossé à l’Oniam, SERVIER, après avoir émis dans 100 % des cas de nombreuses contestations, a néanmoins suivi les avis du collège jusqu’au début 2015 en proposant des indemnisations conformes à l’évaluation des experts.

En juin 2015, l’Oniam a fait savoir par communiqué de presse qu’il s’apprêtait à se substituer à SERVIER et à verser des indemnisations sur fonds publics pour certaines victimes en l’absence d’offre de paiement ou d’offre manifestement insuffisante de Servier, notamment pour des cas graves.

 

PARTENARIATS INSTITUTIONNELS

Malgré la gravité de cette situation, le laboratoire SERVIER est toujours favorablement accueilli comme sponsor, voire comme partenaire privilégié, par de nombreuses sociétés savantes ou institutions liées à la santé : exemples. Or, non seulement les conflits d’intérêts sont éthiquement contestables, mais ils sont dangereux sur le plan sanitaire, comme l’expliquait Philippe Foucras du Formindep : un médecin qui accepte d’avoir des conflits d’intérêts, c’est à dire des liens d’intérêts qui impactent et contaminent sa pratique ou son enseignement, c’est comme un chirurgien qui opérerait avec les mains sales, c’est dangereux.

Il n’est pas anodin de constater que les sociétés savantes de cardiologie sponsorisées par SERVIER (c’est à dire quasiment toutes) sont passées à côté des dégâts cardiaques causés par le MEDIATOR pendant 30 ans. Pourtant, dès 1977, la revue PRATIQUES (« marraine » de la revue PRESCRIRE), éditée par le Syndicat de la Médecine Générale, et totalement indépendante de l’industrie, avait parfaitement identifié le caractère anorexigène du MEDIATOR, comme le rappelle Anne Crignon dans cet article.